Comment se définit la personnalité humaine ?
- Louis Lavaud
- 5 juin 2018
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 août 2018
Dans ce petit reportage, je vais vous expliquer quels facteurs influent sur la conception et la construction de notre singularité. Cette singularité est à la base de la diversité des êtres humains sur Terre nous rendant unique comme le prouvent ces différents portraits ci-dessous. Tel le penseur de Rodin, je me suis questionné et renseigné pour vous délivrer ce compte rendu.

La personnalité désigne l'ensemble des comportements, des attitudes, des motivations dont l'unité et la permanence constituent l’individualité et la singularité de chacun.
La définition de la personnalité
En 1980, Lewis Golderg fait une découverte majeure. Celui-ci grâce à des expériences pense que la personnalité humaine se base sur 5 émotions ou facettes de notre caractère. L'assemblage de ces facettes composerait notre personnalité. Entre les années 1987 et 1992, cette idée est davantage développée par deux psychologues américains Robert McRae et Paul Costa. Ce sont des dizaines à éplucher des questionnaires qui ont permis d'émettre cette hypothèse. Ce modèle psychologique est appelée "Big Five" ou méthode "Ocean". Ces cinq piliers sont :
- Ouverture
- Consciosité
- Extraversion/Introversion
- Agréabilité
- Névrosisme
Ces traits de caractère sont présent chez tous les individus. Chaque trait est indépendant de l'autre. De plus, ceux-ci s'effectuent alors à degrés très variables et différents. Cela explique donc la diversité de l'être humain. Nous allons maintenant détailler chaque "pilier" du Big Five :
- Ouverture : ce terme désigne la tendance à apprécier les expériences nouvelles. Les personnes très ouvertes, sont parfois curieuses et imprudentes. Elles font preuve de créativité et d'adaptation. A l'inverse, les personnes routinières sont plutôt prudentes, détestant l'imprévu, savent anticiper les problèmes. Elles sont dotées d'un sens pratique.
- Consciosité : ce terme désigne la tendance à être discipliné ou insouciant et avide de liberté. Des personnes conscienceuses sont ordonnées, organisées et perfectionnistes suivant les règles imposées et la norme. A l'inverse, les personnes sont plus distraies, impulsives, aiment se faire plaisir et restent peu longtemps concentrées.
- Extraversion : ce terme désigne la tendance à être réservé ou au contraire très exubérant. Une personne extravertie est énergique, exprimant très ouvertement ses sentiments, aimant le contact. A l'inverse, une personne introvertie sera plus solitaire, discrète et calme.
- Agréabilité : ce terme désigne la tendance à être altruiste ou plutôt égoïste. Les personnes dotées de l'agréabilité ont la capacité d'empathie se souciant des états d'âmes des autres. Celles qui n'en sont pas dotées sont moins penchées vers le dialogue et se renferment dans une mentalité solitaire de chacun pour soi.
- Névrosisme : ce terme désigne la tendance à gérer ses émotions. Les personnes touchées par le névrosisme sont très exposées au stress, aux angoisses, aux critiques et perdent facilement confiance en elles. Au contraire, les personnes avec un degré faible de névrosisme sont confiantes, calmes et souvent détendues.

Le caractère génétique et héréditaire de la personnalité
Nous avons souvent l'intuition que les enfants à la naissance "récupèrent" des traits de personnalité de nos parents. Si la mère est très colérique, l'enfant a des chances d'avoir un comportement impulsif et distrait. Ainsi notre personnalité serait inscrite dans nos gènes.
Des tests ont été effectués selon le "Big Five" sur des faux jumeaux (deux ovules fécondées par deux spermatozoïdes) et sur des vrais jumeaux (un seul ovule fécondé par un spermatozoïde qui s'est ensuite divisé en 2). Outre les similitudes physiques, Christian Kandler, professeur allemand, s'est rendu compte que les vrais jumeaux possédaient deux fois plus de traits de caractères en communs que les faux jumeaux. Ces expériences montrent bien que les gènes sont un facteur de la construction de notre personnalité.
Tout d'abord pour bien exprimer l'aspect héréditaire de la personnalité, nous devons redéfinir ce qu'est un gène. Une cellule est composée d'une membrane, d'un cytoplasme et d'un noyau. Dans le noyau, sont contenus les chromosomes dans lequel nous retrouvons la molécule qui nous intéresse appelée ADN.

La molécule d'ADN est constituée de deux chaînes en double hélice de nucléotides. Il en existe 4 types : A, T, C et G. Celles-ci sont complémentaires entre les deux chaînes. En effet, les nucléotides A et T ainsi que C et G s'associent en permanence. Le gène est une séquence de l'ADN codant un caractère héréditaire. Les différentes versions d'un gènes sont appelées allèles et sont donc à l'origine de la diversité humaine.
Pour revenir à notre question de départ, nous nous demandons quels sont les gènes responsables de la formation de notre personnalité dans notre cerveau. Richard Ebstein accompagné d'une équipe de chercheurs israéliens a trouvé l'existence d'un gène DRD4 appelé "gène de l'aventure".
Ce gène agit lors de la transmission d'un message sous forme électrique entre deux neurones. Prenons l'image d'une serrure et d'une clef. Lors d'une transmission d'un message nerveux, une neurone A va créer des protéines appelée neurotransmetteurs réceptionnés par les neurorécepteurs d'une cellule B. Les neurotransmetteurs sont comparables à une clef et les neurorécepteurs à des serrures. Le gène DRD4 influe dans la production de la clef, dans ce cas présent la protéine est une molécule de dopamine aussi appelée "molécule du plaisir". Elle est libérée à différents degrés lors d'expériences nouvelles, inattendues et inédites. Cette molécule procure l'envie de recommencer, de tenter l'inimaginable. Mais alors pourquoi certaines personnes sont plutôt casanières et peu aventurières ?

On a vu que certains gènes influent dans la production de la clé, d'autres dans celle de la forme de la serrure. En effet, le gène 7R produit des neurorécepteurs très sensibles à la dopamine. Ainsi, les porteurs de cette version du gène sont très ouverts à l'inconnu. Ils existent ainsi différents gènes pour des productions de neurorécepteurs et de neurotransmetteurs qui vont construire en partie notre personnalité.
L'influence de l'autre
Le gène ne fait pas tout. En effet la personnalité est très complexe, dire qu'elle ne repose que sur un gène est évidemment faux. Nos décisions sont influencées par le contexte et les personnes qui nous entourent. Ces influences peuvent être vue sous forme d'une pyramide.
Les parents :
Ils nous transmettent non seulement leurs gènes, mais aussi leur histoire et leur vision du monde, qui déterminent leur style d'éducation. Les liens d'attachement qu'ils créent avec nous pendant la petite enfance façonnent les bases de notre personnalité. S'ils ont pu être à notre écoute, il y a de grandes chances que l'on devienne un adulte confiant et autonome. S'ils ont pu être anxieux, il y a des probabilités qu'on le devienne à notre tour. Les parents projettent aussi tôt ce que nous deviendrons à l'âge adulte : ingénieur, artiste etc... Ils influencent notre personnalité à travers les activités qu'ils nous proposent, les livres qu'ils nous offrent. Ceux-ci renforcent ou atténuent certains traits de nos caractères : si l'on est un enfant timide, ils peuvent décider de nous inscrire au centre aéré, afin que l'on s'ouvre aux autres. S'ils nous sentent une âme d'artiste, ils peuvent nous pousser à faire de la musique etc... Les parents constituent donc les piliers de notre personnalité.
Le mentor :
Le mentor, ce professeur qui nous a marqué enfant et nous a encouragé à faire de la musique, ce spationaute dont on a suivi les exploits, cet auteur de BD dont on a lu tous les ouvrages et qui nous a donné envie de faire du dessin. Le mentor "peut guider, accompagner, faire découvrir au jeune un domaine que les parents ne connaissent pas" précise Sylvie Viaux Savelon, pédopsychiatre à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris). Qu'il soit réel ou non, c'est un personnage auquel on s'identifie et qui peut avoir une grande influence sur nous. A tel point qu'il peut modifier notre manière de penser ou de nous comporter.
Les modes :
L'adolescence est une période d'expérimentations. L'occasion de tester des styles vestimentaires : gothique, hip-hop, hipster... Mais aussi de se passionner pour la musique, la littérature. Ces passions souvent éphémères sont l'occasion de tester des personnalités possibles. Et, parfois de trouver la bonne. Beaucoup des hippies des années 70 ont coupé leur cheveux et ont aujourd'hui une vie conventionnelle, mais certains ont conservé cet état d'esprit libre et pacifiste.
Le groupe :
À l'adolescence, c'est le début de l'indépendance. On rejette un peu le modèle parental et on souhaite créer son propre modèle. Le groupe que l'on choisit de fréquenter est un véritable laboratoire. On peut y tester sa personnalité en construction : la façon dont on s'exprime, son style par rapport aux autres tout en se noyant dans la masse. "Dans un premier temps, les jeunes recherchent dans leur entourage des individus qui partagent leur vision du monde, leur personnalité. Dans un second temps, ils recherchent aussil a différence qui est une source" explique Grégory Michel, psychologue. Les activités hors du collège sont aussi l'occasion de créer d'autres groupes et ainsi de diversifier les influences : sport, musique, réseaux sociaux.
Les accidents de la vie :
Les traumatismes : perte d'un parent, séparation, attentat peuvent modifier la personnalité en la rendant plus anxieuse, plus renfermée. Au collège, le harcèlement peut ainsi avoir des effets dévastateurs, surtout lorsqu'il se prolonge sur les réseaux sociaux. Il laisse une trace durable (photos, textes) à une période où la personnalité n'est pas fixée. "Il y a des choses dont on n'est pas forcément fier, on a évolué et on voudrait que les autres nous voient tel qu'on est maintenant et non tel qu'il y a deux ans. Ça peut abîmer l'image de soi, c'est très destructeur."explique Sylvie Viaux Savelon.
L'autre :
Meilleur(e) ami(e) ou amoureux(se)... L'autre est une oreille attentive qui nous permet de mieux nous comprendre, de réaliser quelles sont nos forces et nos faiblesses, et ainsi d'affirmer notre personnalité. Que l'on ait envie d'être pareil, différent, complémentaire, on se construit toujours par rapport à l'autre. Lorsque cette relation est intime, elle permet aussi de se décentrer et de développer une facette importante de l'Homme : l'empathie, l'envie de comprendre l'autre.
Ma vision de l'influence sur la personnalité
Cela mes expériences, je pense que les influences sur la personnalité peuvent se matérialiser par cette pyramide :

Selon moi, les parents amènent la base de la pyramide qui sera ensuite complétée par les modes, les groupes ou le mentor. Les accidents de la vie peuvent changer notre vision du monde, mais l'autre celui que l'on côtoie en permanence est la plus grande influence sur nous humain. Il peut en effet nous faire changer nos décisions à tout moments. C'est l'assemblage de tous ces briques (groupes de personnes) qui nous façonnent.
Cette vision est néanmoins personnelle et reflète seulement ma pensée, chacun voit la personnalité comme il le veut et l'entend. Je ne suis en aucun cas un psychologue diplômé, ma vision est sûrement biaisée.
Sources :
- Le Sciences et Vie Junior n°336, très bien écrit et très facile à comprendre, il m'a permis d'écrire le paragraphe sur l'influence de l'autre et de même en dégager une vision personnelle.
- Mes cours de SVT, eh oui cela sert, pour la partie sur le gène
- Wikipédia et de nombreux autres sites, pour la partie historique sur le Big Five et les modèles de test sur la personnalité.
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